Les poètes du Quercy nous enchantent, partons à la découverte d’Olivier de Magny (1529-1561) Certainement écrit entre Cabessut et Cézac….
Bonne journée à toutes et à tous.
« À Sa Demeure Des Champs »
Petit jardin, petite plaine
Petit bois, petite fontaine,
Et petits coteaux d’alentour,
Qui voyez mon être si libre,
Combien serais-je heureux de vivre,
Et mourir en votre séjour !
Bien que vos fleurs, vos blés, vos arbres,
Et vos eaux ne soient près des marbres,
Ni des palais audacieux,
Tel plaisir pourtant j’y retire
Que mon heur, si je l’ose dire,
Je ne voudrais quitter aux dieux :
Car ou soit qu’un livre je tienne,
Ou qu’en rêvant je me souvienne
Des yeux qui m’enflamment le sein,
Ou qu’en chantant je me promène,
Toute sorte de dure peine
Et d’ennui me laisse soudain.
Toutes fois il faut que je parte,
Et faut qu’en partant je m’écarte
De vos solitaires détours,
Pour aller en pays étrange
Sous l’espoir de quelque louange
Mâlement* travailler mes jours.
Ô chaste vierge Délienne,
De ces montagnes gardienne,
Si j’ai toujours paré ton dos
D’arc, de carquois et de sagettes,
Couronnant ton chef de fleurettes
Et sonnant sans cesse ton los* :
Fais que longtemps je ne séjourne,
Ainçois*que bien tôt je retourne,
En ces lieux à toi dédiés,
Revoir de tes nymphes la bande,
Afin qu’en ces autels j’appende
Mille autres hymnes à tes pieds.
Mais soit qu’encore je revienne
Ou que bien loin on me retienne,
Il me ressouviendra toujours
De ce jardin, de cette plaine,
De ce bois, de cette fontaine
Et de ces coteaux d’alentour.
Olivier de Magny
Anthologie des poètes du Quercy
- Malement*: durement
- Los* : gloire
- Ainçois* : louange
Né dans une famille bourgeoise de Cahors au 12 rue Clément Marot, Olivier de Magny fait ses premières études dans sa ville natale avant de se rendre à Paris en 1547. Il s’y attire l’attention de Hugues Salel, abbé de Saint-Chéron et poète à la cour de François Ier, qui en fait son secrétaire. Ce premier poste l’amène à fréquenter à son tour la cour, où il rencontre quelques éminents personnages de l’époque.
Son protecteur meurt en 1553. Olivier de Magny s’attache alors à Jean de Saint-Marcel, seigneur d’Avanson, qui l’emmène à Rome en 1555 au cours d’une mission diplomatique auprès du Saint-Siège. C’est pendant ce voyage qu’il aurait rencontré, à Lyon, Louise Labé, dont il serait tombé amoureux.
Son séjour en Italie dure trois ans. Il y fait la connaissance de Joachim du Bellay, mais il est peu séduit par la cour italienne. En 1557, il retourne en France où, le 31 mai 1559, il est nommé au poste envié de secrétaire du roi Charles IX, fonction qu’il exercera jusqu’à sa mort.
Généralement considéré comme un disciple de Ronsard, il a surtout composé des sonnets.
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