Daniel Morer, conseiller municipal d’opposition à Cahors et membre de la Tribune Léon nous livre son analyse à l’issue du conseil municipal qui s’est tenu le jeudi 23 février 2023. Ce conseil municipal était essentiellement consacré à la présentation des orientations budgétaires pour 2023 :
« Le débat d’orientation budgétaire (DOB) constitue un moment important dans la vie d’une commune. Il a obligatoirement lieu dans les deux mois qui précède l’examen et le vote du budget primitif, et permet de faire le point sur la situation financière de la commune et sur les choix qui seront faits par la majorité pour l’année à venir en matière de fiscalité, de recours à l’emprunt ou encore de réalisation de travaux.
Le DOB, c’est donc une analyse des chiffres. Force est de constater que les années se suivent et se ressemblent : la situation financière de Cahors demeure fragile. Quelques données pour illustrer mon propos : la capacité de désendettement (le nombre d’années nécessaires pour se désendetter totalement) de notre commune est de 9,3 années fin 2022. Le seuil d’alerte se situe à 10 ans et au-dessus de 15 ans la situation est critique. Ce ratio financier est dégradé car le stock de dette de Cahors demeure très important : 1 600€ par habitant contre 999€ par habitant en moyenne dans les communes de la taille de Cahors. Autre illustration : l’épargne nette dégagée par la commune de Cahors (c’est-à-dire la somme d’argent qui reste disponible une fois que la commune a payé toutes ses charges de fonctionnement telles que l’énergie, l’alimentation, les dépenses de personnel et a remboursé sa dette aux banques) n’est que de 427 000€ fin 2022 (soit environ 20€ par habitant contre 105€ en moyenne dans les communes de la taille de Cahors). Ce montant est donc trop faible pour financer les dépenses d’équipement envisagées par la commune (travaux de voirie, travaux dans les écoles par exemple) et la commune est obligée de maintenir un recours à l’emprunt élevé pour financer ses investissements. Le cercle vicieux…
Cette fragilité financière récurrente a de quoi interpeller. La majorité actuelle a effectivement hérité d’une situation délicate en 2008 et il n’est pas possible de renverser la tendance en deux ou trois années. Mais 15 ans plus tard, les choses auraient dû évoluer. Ce n’est pas le cas, à cause des choix ou plutôt des non-choix de la majorité. La politique du « en même temps » qui a montré toutes ses limites au plan national produit les mêmes conséquences désastreuses au plan local. Vouloir tout à la fois maintenir un niveau élevé d’investissements (Musée, cinéma, place Chapou, Palais de Via) sans maitriser les charges de fonctionnement qui continuent d’augmenter (dépenses de personnel, subventions aux associations, sous-traitances au secteur privé) et donc sans diminuer réellement le recours à l’emprunt, c’est faire le choix de maintenir durablement Cahors dans une situation de « précarité » sur le plan financier.
Et pourtant, la fiscalité est très élevée à Cahors. Et cette tendance n’est pas prêt de s’inverser. En 2023, la taxe foncière va augmenter de 7,1% pour les propriétaires. La commune a besoin de cette recette supplémentaire de 1,1 million d’euros par rapport à 2022 pour financer sa politique du « en même temps » (beaucoup de travaux mais aussi beaucoup de dépenses de fonctionnement). Concrètement, pour quelqu’un qui paye 1500€ de foncier, il faudra ajouter 106€ environ en 2023. Pour quelqu’un qui paye 2000€ de foncier, il faudra ajouter quasiment 150€. Enfin pour quelqu’un qui payait 2500€ de foncier jusqu’ici, il faudra ajouter un peu plus de 175€ en 2023. Ce n’est pas neutre dans le contexte actuel.
Au-delà des chiffres, le DOB c’est aussi un moment politique important. Il s’agit de dresser les priorités pour l’avenir de notre cité. En matière notamment d’attractivité, de développement économique et touristique, d’accompagnement des personnes les plus fragiles. Le rapport présenté par la majorité est silencieux sur tous ces aspects. Aussi, force est de constater que deux visions s’opposent : Il y a ceux qui veulent créer des impôts (la majorité actuelle) et il y a ceux qui veulent créer des emplois (l’opposition incarnée par la Tribune Léon). Il y a le camp de la diversion et il y a le camp des solutions ».
Daniel Morer
Conseiller municipal d’opposition et membre de la Tribune Léon